C’était pour certain le bon vieux temps, celui des victoires, des internationaux, des soirs de fête, … C’était la fin des années 90. Depuis, le Racing a connu plus qu’un bug informatique après le passage en l’an 2000. Retro.

Épisode 1 : la mairie vend le RCS

Les problèmes financiers du Racing ne datent pas d’aujourd’hui et encore moins d’hier. Depuis les années 90, le club gérant l'équipe professionnelle accuse des déficits que la mairie de Strasbourg a continué à financer (140M de francs entre 1990 et 1996). Lors de la saison 1996 / 1997, le Racing remporte son premier titre national depuis 1979 en ramenant la Coupe de la Ligue à Strasbourg après une victoire aux tirs au but face aux Girondins de Bordeaux  En pleine saison, le 20 février 1997, le maire, Catherine Trautmann, annonce la vente des parts de la ville de Strasbourg au groupe International Management Group (IMG) McCormack pour 5M de francs. Cette vente répond à la mise en conformité avec la loi Pasqua qui prévoit la disparition progressive des aides publiques aux clubs professionnels. La municipalité cède ainsi les 49 % qu'elle détenait dans le capital du club à IMG et Patrick Proisy devient le nouvel homme fort du club. Roland Weller, alors président, est le candidat malheureux de cette vente. Pour beaucoup, cette décision prise par la mairie est début d’un longue descente aux enfers. Néanmoins, lors de la saison suivante, le Racing réalise un beau parcours en Coupe UEFA, avec des qualifications face aux Glasgow Rangers et à Liverpool. En huitième de finale, le Racing bat l'Inter Milan de Ronaldo 2 à 0 mais est éliminé lors du match retour sur une défaite 0 à 3. En 2001 et après deux saisons moyennes en championnat, les Bleus remportent la Coupe de France mais descendent en Division 2. Le torchon brûle entre le propriétaire du club et les supporters. C’est le temps des premières affaires et litiges :

  • Vente de Peggy Luyindula : Niort réclame au club strasbourgeois environ 780 000 euros (10% de la plus-value à la revente) lors de son transfert à Lyon. Acheté 1M d’euros en 1998, l’attaquant a été revendu 8,8M d’euros. L’affaire sera suivie d’une mise en examen pour abus de bien sociaux de Patrick Proisy et Claude Leroy
  • Racing contre … Racing: Le litige porte sur le nom « Racing Club de Strasbourg ». Propriétaire de la marque, le Racing Omnisports refuse désormais que le club continue à utiliser le nom « RCS ». Cette décision fait suite à une autre émanant de Patrick Proisy qui a décidé, lors de la renégociation des accords liant les deux parties, de ne pas continuer. Le club paye encore aujourd’hui les suites de ce choix, dont la dernière mensualité était fixée à … 2011
  • Le cas Chilavert : Il oppose le gardien paraguayen au club strasbourgeois sur une question d’argent. D’après José-Luis Chilavert, le Racing s’était engagé, lors de la signature du contrat, à lui verser 4,4M de dollars. Une assertion démentie par Patrick Proisy. Depuis l’affaire n’a plus avancé et reste bloqué dans des investigations en Suisse. Montant du risque financier pour le club : 7.8M d’euros
  • Le dossier Bertin: L’ex défenseur strasbourgeois avait saisi les prud’hommes pour réclamer  le versement de primes de matches jamais touchées. Connu pour ses coup-francs puissants, il avait terminé sa dernière saison en Alsace dans l’équipe réserve pour que le club n’ait pas à lui verser ces primes de match. Corentin Martins en fera aussi les frais avec un prêt forcé aux Girondins de Bordeaux
  • L’affaire Garay : Le meneur de jeu argentin présenté comme le nouveau Gallardo n’aura pas laissé une trace marquante de son passage dans la capitale alsacienne si ce n’est d’un point de vue comptable avec l’affaire de son faux passeport et de la descente de l’AS Nancy Lorraine. Le RCS y laissera à nouveau quelques plumes ...
  • Le logo : Dès la prise de contrôle, IMG choisit de remplacer le logo historique par un « Pacman ». La pilule ne passera jamais auprès des supporters. Philippe Ginestet le remettra au goût du jour lors de sa présidence

Une société sans litige, surtout dans le football, n'existe pas. Chaque club accumule le remerciement de ses entraineurs limogés, de joueurs partis sans contrat, etc. Ca deviendra hélas un habitude du coté du club alsacien.

Épisode 2 : le soubresaut Gindorf / Keller

Après une remontée en Division 1 en 2002, IMG clôt l'aventure strasbourgeoise et revend le club pour un euro symbolique à des investisseurs locaux en 2003, Egon Gindorf en tête. Le passage ne se fait pas sans quelques difficultés, liées notamment aux casseroles laissées par les investisseurs américains lors de leur passage. La gestion du passif et des affaires en cours sont des sujets de discussions. Rappelons qu’IMG a dépensé en cinq années de présence en Alsace pas loin de 30M d’euros. Une bonne partie a été engloutie dans des transferts exotiques et ratés (Chilavert, Belloso, Haas, …). Par ailleurs, l’investisseur allemand trouve un accord avec l'omnisports pour l'utilisation du nom. Les deux parties s'entendent finalement sur la vente définitive de la marque et du nom à la société anonyme gérant l'équipe de football pour 1.8M d'euros. Sur le terrain, sous la direction de Jacky Duguépéroux, le club renoue avec le succès et remporte un nouveau titre avec la Coupe de la ligue 2005 en battant en finale le Stade Malherbe de Caen.

Épisode 3 : le « putsch Ginestet »

Malgré la victoire en coupe et le parcours en Coupe UEFA, l’équipe pointe dans le fond de classement de Ligue 1. C’est alors que le lunetier Alain Afflelou pointe le bout de son nez en proposant de racheter le club à un Egon Gindorf dont les soucis personnels, et notamment son fils, viendront ternir la fin de sa présidence. L’homme à la soupe de pois souhaite passer la main. Alors que tout le monde du ballon rond voyait déjà l’ancien président des Girondins de Bordeaux débarquer à Strasbourg, Philippe Ginestet, alors actionnaire minoritaire, propose une offre de rachat finalement acceptée par les propriétaires de l’époque. Les supporters s’en souviennent encore avec amertume. Sur l’investissement prévu par Alain Afflelou, les sources resteront floues, prêt, pas prêt, en tout cas il revendra son entreprise quelques mois plus tard pour plus de 500M d’euros … S’en suivront quatre années pendant lesquelles le promoteur immobilier Philippe Ginestet cumulera les décisions non judicieuses. On se souviendra de l’éviction de Jean-Pierre Papin au lendemain d’une remontée en Ligue 1, du non-remplacement de Jean-Marc Furlan après onze défaites de rang, du refus de la vente de Jean-Alain Fanchone à Lille pour 2,5 M d’euros, … Sans en oublier beaucoup d’autres. En décembre 2009, Philippe Ginestet cède pour 1,6 M d'euros la société Racing Investissements, qui possède 54,6 % des parts du club, à la société anglaise FC Football Capital Limited.

Épisode 4 : le litige devient monnaie courante avec Jafar Hilali

La suite, tout le monde la connaît. Un an et demi d’errance sportive, de descente en troisième division, de quatrième place, … Si le Racing a peut être manqué de chance lors de certaines dates charnières dans son histoire récente, tout le monde retiendra les difficultés de gestion d’un club aux multiples holdings, à la complexité administrative et aux œuvres de différents acteurs qui n’ont fait qu’accentuer la descente du club. A ce jour, hors procédure de redressement judiciaire en cours, le RCS cumule pas loin d’une bonne quinzaine d’affaires en cours qu’il traînera comme un boulet, soit pour les dix années à venir en cas de redressement, soit jusqu’à sa liquidation qui pourrait intervenir le 22 août prochain. La liste totale des litiges (Jose Luis Chilavert, Noureddine Bouachera, Jean-Marc Furlan, Gilbert Gress, Julien Fournier, Pascal Janin, Jean-Claude Thiry, Valérie Bonjour, Thomas Azan, Catherine Cassel, Jean-Pierre Cochet, Jérémy Abadie, Katia Zamparutti, Arnaud Caspar et Jean-Luc Witzel) avoisine les … 12M d’euros ! A peu de chose près le transfert de Kévin Gameiro de Lorient au PSG.

Épilogue : au Racing c'est le grand bleu, l'ivresse des profondeurs !

Le modèle économique du Racing Club de Strasbourg est à bout de souffle, ce n’est pas une surprise. Sur les dernières saisons, son résultat d’exploitation n’a jamais été positif. Seules les ventes des joueurs, souvent prometteurs mais sacrifiés pour combler les déficits, ont permis au club de s’en sortir. Les descentes successives auront eu raison de cette méthode très attachée au montant rétribué par les droits TV. Il ne faut pas omettre également les bonus que toucheront les anciens actionnaires en cas de remontée en Ligue 2, Ligue 1 et participation à la Ligue des Champions. Avec la procédure judiciaire en cours, une grande partie de ces affaires seront peut être effacées. Hélas en même temps que la place que le club devrait occuper dans le football français.

Sources : Wikipédia, l’Alsace et InfosRacing.com