- Écrit par : Anthony WEISSMULLER
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Historiquement, l’Alsace et l’Allemagne ont eu de multiples histoires communes. Le football n’échappe pas à la règle et nombreux sont les Alsaciens qui se déplacent outre Rhin pour voir des matchs. Grâce à ça, une solide amitié s’est créée dont les origines remontent à plus de 30 ans.
C’est après la rénovation du Stade de la Meinau pour l’Euro 84 que le premier groupe de supporter se rassemble dans le quart de virage Sud-Ouest. En Allemagne, ils vont apprendre à connaitre la culture footbalistique car elle y était plus développée qu’en France. Ils vont y voir les « Fussballraulis », les prémices des hooligans. C’est au retour de leurs voyages germaniques que le Blaue Front va se créer, groupe de supporters du Racing. Une de leur destination favorite est le Wildparkstadion de Karlsruhe, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Strasbourg. A force d’y aller quasiment chaque semaine, des liens se créent avec des supporters du KSC. Lors de la saison 1987-1988, le Blaue Front va devenir les Meinau Boys. Les chemins se font de plus en plus fréquents dans les deux sens et les liens se soudent, notamment au travers de déplacements à Hambourg ou Kaiserslautern.
Le début de l'amitié
Lors de la création des UB90, les ultras strasbourgeois n’entretiennent pas de relation particulière avec leurs voisins allemands et pour cause, le mouvement Ultra n’est pas encore bien connu et implanté en Allemagne. Les Karlsruhers qui continuent à faire le voyage à cet époque jusqu’à la Meinau viennent pour renforcer les Meinau Boys lors de matchs tendus. C’est grâce à la création des Phönix Sons 99 que l’amitié va véritablement prendre un tournant. Durant un déplacement en septembre 1999 du côté de Metz, la bâche Phönix Sons est déployée dans le parcage. Dans un premier temps, les UB90 n’y prêtent pas attention, pensant que c’est un nouveau groupe obscur de Karlsruhe qui vient de se créer. Lors d’un déplacement à Besançon pour de la Coupe de France quelques mois plus tard, les évènements dégénèrent et permettent aux UB de se rendre compte que ces Karlsruhers là se comportent comme des ultras. L’amitié est née.
Durant les années 2000, l’amitié se scelle durablement au travers d’un jumelage et devient extrêmement forte, notamment grâce à de multiples évènements ensemble pour l’une des deux équipes (concert, anniversaire, fêtes, etc.). Malgré la création de nouveaux groupes Ultras à Karlsruhe, comme les Rheinfire en 2002, les Armata Fidèlis en 2003 et les Wild Boys en 2004, l’amitié se poursuit et prouve que ce ne sont pas uniquement deux groupes mais bel et bien deux tribunes qui nouent des liens. Les uns et les autres soutiennent régulièrement l’autre équipe, aussi bien à domicile qu’à l’extérieur. Pour la petite anecdote, les supporters de Karlsruhe entretiennent une véritable rivalité avec Kaiserslautern, située à quelques kilomètres de chez eux. Kaiserslautern qui est en amitié avec … Metz, rival du Racing. Les ennemis de mes amis sont mes ennemis.
Les années 2010 et les chutes sportives
Le début de la dernière décennie est difficile pour les deux clubs au niveau sportif, et notamment pour Strasbourg qui se voit rétrograder en CFA2. En 2013, les UB90 ainsi que les PS99 cassent officiellement leur jumelage. Pour autant, l’amitié entre Karlsruhers et Strasbourgeois est loin d’être terminée car de multiples supporters et plusieurs générations ont tissé de véritables liens. Ce ne sont plus des groupes qui sont simplement amis mais bel et bien les tribunes entières. Aujourd’hui encore, les jeunes générations se rendent régulièrement outre Rhin et l’amitié est reconnue. Ces dernières années, plusieurs évènements ont permis de réunir les tribunes, comme la montée de Karlsruhe en 2.Bundesliga, son dernier match au Wildparkstadion avant sa rénovation ou l’épopée en Coupe de la ligue suivie des barrages d’Europa League côté strasbourgeois.
Une extension au Hertha Berlin
Grâce à de multiples contacts entre supporters du Racing et de Karlsruhe, les Strasbourgeois ont également nouée une forte relation avec les Ultras de Berlin. En effet, l’amitié entre Karlsruhers et Berliners remonte au 14 août 1976, lors d’un déplacement des Berlinois dans la ville de Karlsruhe. Invités par les Karlsruher à boire quelques bières et ce malgré la défaite 3-0 des locaux, les Berliner ont apprécié leur voyage à l’ouest du pays et l’amitié s’est forgée au fur et à mesure des années. Par extension donc, l’amitié s’est étendue à Strasbourg à force de se côtoyer.
Toujours au travers d’occasions souvent festives, les supporters se réunissent régulièrement. De plus, ce qui est appelé la « Freundschaft » (Karlsruhe, Hertha Berlin, Strasbourg) fait régulièrement de la route ensemble pour des matchs, que ce soit en France, en Allemagne ou dans l’Europe toute entière. Un véritable axe bleu et blanc a été formé. Malgré les multiples changements de division pour les trois clubs, l’amitié est restée et perdure. Si vous avez la chance de vous rendre au Wildparkstadion de Karlsruhe ou à l’Olympiastadion de Berlin quand la Covid-19 nous laissera un peu de répit, n’hésitez pas à vous déclarer supporter de Strasbourg. L’accueil sera extrêmement chaleureux et fraternel. Dans une deuxième partie de ce dossier sur l’amitié Karlsruhe-Strasbourg, vous retrouverez des témoignages de supporters des trois clubs.
A suivre ...
Sources :
- Site des groupes de supporters
- Images : Facebook et source interne
- "Gazetta Ultra'" numéro 4 / Dossier sur l'amitié Karlsruhe-Strasbourg
- A quoi ressemblait le foot lors de la dernière victoire face à Metz ?
- Les oppositions amicales étrangères du Racing
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