Communiqué, banderoles déployées contre le capitanat d'Emanuel Emagha et demandant le départ de Marc Keller, ... la Meinau a vécu une drôle de soirée que l'on déteste ouvertement en tant que supporter.

Alors oui, le titre de cet article fait référence aux interrogations légitimes que nous avions tous à l'arrivée du nouvel actionnaire. Le football a changé depuis, et le football continuera à changer dans un monde où les transferts atteignent des sommes astronomiques, alors que dans le même temps des clubs sont en grandes difficultés. On en viendra presque à reprendre les paroles de Louis de Funès dans la Folie des Grandeurs, « C'est normal, les pauvres c'est fait pour être très pauvres et les riches très riches ». Mais sportivement, le Racing est aujourd'hui dans la première partie du classement de Ligue 1 et qualifié en Coupe d'Europe. C'était donc ça le projet ? Ne serait-ce pas que l'on souhaiterait vivre pour notre club en tant que supporter ?

La photo qui a fait polémique

Alors que face à Brondby et Nantes la Meinau n'avait pas sifflé après le quart d'heure de grève des chants du kop, des huées se sont fait entendre dans le stade après le déploiement d'une banderole demandant au capitaine Emanuel Emagha de rendre son brassard. Cette demande fait suite à l'annonce cette semaine de sa signature en 2026 à Chelsea. Si on peut légitiment s'interroger sur le timing - maladroit - de cette annonce en début de saison (hormis pour sécuriser le joueur lors des prochains mercato ?), les associations du kop ont vu rouge.

Depuis le début de leur lutte contre la multipropriété, le UB90 avait toujours indiqué se battre contre les dérives du football, pour un « Racing indépendant, populaire et différent », tout en restant au soutien des joueurs et du sportif, comme l'ors de notre interview de Maxime, le porte parole des UB90 en mai dernier.

La donne a désormais changé. Le communiqué diffusé dimanche à 13h00 est direct et sans équivoque.

La banderole affichée dans le kop n'a pas manqué de faire réagir, des joueurs aux dirigeants, en passant par les suiveurs sur les réseaux qui affichent pour beaucoup désormais un #UB90OUT.

Une pétition a même été lancée par un supporter pour demander la dissolution des ultras, alors que d'autres, à l'image de Romain, cherchent à apaiser la situation.

D'autres associations, comme les RCS Girls se dissocient totalement de ce qui s'est passé ce dimanche face au Havre.

Banderole, acte 2

Si la première banderole a touché l'attaquant hollandais du Racing, ses coéquipiers, mais surtout Liam Rosenior, la seconde qui a demandé sans d'autres mots que le départ de Marc Keller a fini par mettre cette soirée dans la catégorie des pires moments à la Meinau, au mélange de tristesse, colère et honte.

Présent depuis plus d'une décennie au club, moteur de toutes les remontées et acteur majeur de la reconstruction de la Meinau, Marc Keller a cette fois ci été la cible du kop qui lui demande « de prendre ses responsabilités : s'en aller et laisser les vrais décideurs occuper son siège ». Une demande qui impliquerait l'arrivée d'un actionnaire de BlueCo avec qui, sans aucune surprise, le dialogue ne serait sûrement pas prêt de passer non plus. Qui pourrait dire où serait le Racing sans BlueCo ? une descente comme Montpellier ? Qui peut dire ce qu'il arrivera avec BlueCo ? une triste histoire comme Bordeaux ? Sûrement personne, et seul l'avenir nous le dire.

Et maintenant ? Rosenior attend le kop pour discuter

La ligne rouge a été franchie et on ne peut pas encore imaginer les conséquences de ce qui s'est passé ce dimanche à la Meinau. Blessé, Liam Rosenior n'a pas manqué de réagir dès la fin de la rencontre. « Je leur dis publiquement, car ce club me tient à cœur. Ils veulent faire une banderole pour manquer de respect à mon capitaine, d'accord ? Et le huer et le siffler depuis les tribunes. La porte de mon bureau est ouverte. Ils peuvent venir chez moi, à ma maison. Ils peuvent venir au terrain d'entraînement. Ils peuvent être trois comme avant. Ou ils peuvent être 30, 300, 3 000. Je vais m'asseoir et discuter avec eux. Parce que depuis que je suis dans ce club, chaque joueur qui a porté le maillot, a tout donné. Les propriétaires ont investi dans ce club. Ils aiment ce club, quelle que soit leur origine. C'est le moment pour tous les membres de la société de se rassembler. Oubliez le football et nos différences. Je vois une équipe multiculturelle du monde entier qui porte le maillot bleu avec fierté et intégrité. Et nous voir à nouveau bafoués de cette façon par une minorité. Je les invite chez moi. Je leur donnerai mon adresse, et nous discuterons de tout ce qu'ils attendent de cette équipe de football, ce que je pense que nous leur offrons ».

Quoi qu'il arrivera désormais après ce triste dimanche 14 septembre 2025, il y aura un avant et un après. La compréhension de la Meinau pour la lutte contre la multipropriété que l'on avait pu voir lors des premiers matchs est passée. Le Meinau va probablement gronder le 26 septembre prochain face à Marseille, et nous rappeler les heures les plus tristes que le Racing peut nous faire vivre. Et dans le même temps nous poser la question : quel est le projet qu'attendent désormais les associations après ce qui s'est passé ce dimanche ?