Certains pensent que l'on fanfaronne, que c'est de l'orgueil et surtout que l'on manque d'humilité devant ce classement de la Ligue 1, de cette quatrième place et d'un podium à porter de main. Non, aucunement et en aucun cas. Revenons juste sur le contexte de ces dernières années pour comprendre l'histoire récente du Racing Club de Strasbourg et sa singularité.

Après quelques belles années au début du siècle et une victoire en Coupe de la Ligue, le Racing végète en Ligue 1 et s’apprête à vivre une lente agonie pilotée par des dirigeants dont l'histoire ne doit pas retenir les noms. Son apogée se déroulera au cœur de l'été brulant de 2011 avec le dépôt de bilan du club. Et puis il y a eu les bâtisseurs, François, Guy, Anthony, David, Jacky, Thierry, Marc et tous les autres. Ceux qui y cru sur le terrain et sur le banc. Ceux aussi qui y cru dans des gradins, souvent champêtre, depuis la CFA2, soit la cinquième division française. Sans oublier ceux qui ont œuvré tous les jours pour reconstruire un monument du football français en ruine, jusqu'à nettoyer les sièges d'une Meinau abandonnée par des prestataires impayés.

Début de la fin

Saison 2007-2008. Après une saison sous les ordres de Jean-Pierre Papin et une remontée en Ligue 1, le Racing fait l'ascenseur après une incroyable série de onze défaites consécutives. La saison suivante, les hommes de Jean-Marc Furlan rate l'ascenseur vers l'élite pour un petit point et une ultime défaite à Montpellier (2-1) lors de la dernière journée. Bis repetita un an plus tard à Châteauroux (2-1), avec une nouvelle défaite, deux points qui manquent et qui envoient le club en National. Le club est malade et ratera la remontée en Ligue 2 sous les ordres de Laurent Fournier pour trois petits points. C'est la fin, le dépôt de bilan est prononcé au cœur de l'été 2011.

Grâce à quelques hommes, le Racing retrouve des couleurs sur le terrain pour atteindre les 100 points et la première place au classement de CFA2, soit la cinquième division, titre en poche et record d'affluence face à Schiltigheim, malgré un premier match de la saison reporté par ... manque d'effectif. Les Bleus enchainent la saison suivante en CFA avec un épilogue fantastique lors d'un ultime match délocalisé face à Raon l’Étape. La saison suivante en National sera très difficile avec un changement d'entraineur, une équipe au bord de la zone de relégation puis un sauvetage administratif après la non montée de Luzenac. Sauvé miraculeusement, le RCS échoue la saison suivante au pied du podium ... pour un point. Le ticket pour le retour dans le monde professionnel sera validé l'année suivante après un ultime match à Belfort où une vague bleue de supporters avait envahi le stade.

Retour dans le monde pro

Sur sa lancée, le Racing ne restera qu'une seule saison en Ligue 2 sous les nouveaux ordres de Thierry Laurey, même si il faudra attendre la dernière journée pour valider ce retour en Ligue 1. Lors de la saison 2017-2018, le RCS bat le PSG de Neymar et Mbappé à la Meinau (2-1) avant de sauver à l'avant-dernière journée grâce à un coup-franc de Lienard à 94e minute face à Lyon (3-2). La saison suivante, le Racing assure son maintien et s'offre surtout une victoire en Coupe de la Ligue face à Guingamp. Un sacre qui ouvre les portes de l'Europa League pour les Bleus et ses supporters, venus à plus de 25000 dans la capitale lilloise pour la finale de la défunte coupe de la LFP.

La saison 2019-2020 voit le Racing traverse l'Europe jusqu'à tomber dans l'enfer de Francfort, récent demi-finaliste de la compétition. La Covid viendra ensuite stopper net la saison. La ligue validera définitivement le classement avant l'arrêt de la compétition et le maintien mathématique des Bleus une saison de plus en Ligue 1. La saison 2020-2021 est éprouvante avec l'omniprésence du Covid dans les équipes, les jauges, ... Sur le terrain, les coups d'éclats sont rares mais le maintien est finalement encore au bout de la 37e journée. L'heure aussi de changer d'ère avec le départ de Thierry Laurey et l'arrivée de Julien Stéphan.

Après un mois d'août timide, la méthode Stephan se met en place et la machine est lancée. « Il faudra être offensif pour créer du spectacle et marquer des buts » avait déclaré le nouvel entraineur des Bleus lors de son arrivée. Parole tenue en quelques mois, le RCS fait le show, poussé par le retour du public dans les stades. En ce début d'année 2022, le Racing est quatrième de Ligue 1, avec la deuxième meilleur attaque / première à domicile et le meilleur total de points du club depuis 1979 après 21 matchs.

Que nous réserve l'avenir ?

Alors oui, laissez nous savourer, laissez nous vivre cette instant de retour dans la lumière où les records tombent, laissez nous jubiler en regardant le classement de la Ligue 1. Car oui, plus qu'aucun autre club en France voire en Europe, le Racing Club de Strasbourg dispose d'une histoire récente qui lui est unique, un retour sous les projecteurs comme une rédemption des erreurs du passé. Une fin en soi ? Aucunement, juste une étape, car nous supporters savons aussi que le Racing aura toujours l'art de nous surprendre, en bien ou en mal. Et c'est finalement pour cela qu'on l'aime. Hâte de vivre la suite maintenant, avec toujours la même passion, insouciance et humilité.