La Meinau devrait sonner bien vide le 2 janvier prochain

La Meinau sonnera vraisemblablement creuse le 2 janvier prochain sur les coups de 15h00. En cause, ou en raison, d'un appel au boycott du match des associations de supporters du kop qui entendent protester contre la multiplication des horaires saugrenus de la LFP. Si le fond est soutenu, la forme passe difficilement à l'heure où les Bleus sont sportivement en grande difficulté en Ligue 1.

Trop c'est trop : la coupe est pleine pour les associations de supporters du Racing. Depuis l'annonce d'une Coupe du Monde au coeur de la saison, on savait que le calendrier serait fortement chamboulé, avant la confirmation de l'organisation d'un « boxing day à la française » pour replacer les journées de championnat entre les fêtes de fin d'année et de le début d'année 2023.

La « sentence de la programmation » est tombée : le Racing se déplacera sur la pelouse du Parc des Princes le mercredi 28 décembre à 21h00, puis recevra Troyes pour un match capital pour le maintien le lundi 2 janvier à 15h00, avant de recevoir Angers en Coupe de France le vendredi 6 janvier à 18h00 et terminer ce mini marathon par la réception de Lens le mercredi 11 janvier à 21h00.

Soutien sur le fond, moins sur la forme

Lorsque l'on connait la météo en Alsace en janvier, on est tout d'abord en droit de se poser de sérieuses questions sur l'organisation de telles rencontres en plein hiver sur des pelouses grasses voire gelées ou enneigées, même si c'est le tirage au sort qui a offert la réception d'Angers en Coupe. Et on ne parle pas des conditions de réception des supporters, familles comprises, dans un stade où le thermomètre flirtera avec les températures négatives. Mais ce qui ne passe pas depuis quelques temps déjà pour les associations de supporters est le choix des jours et des horaires. Si le déplacement face au PSG est encore acceptable, car placé pendant les vacances scolaires, la programmation du premier match de l'année 2023 face à Troyes ne passe pas.

Si le 2 janvier est bien encore dans le calendrier des vacances de Noël, il n'est pas férié. Bilan, un salarié devra poser à minima une demi-journée de congé pour venir au match ! Cette situation est presque identique le vendredi suivant avec la réception du SCO à 18h00 en Coupe de France. Et que dire du « match des Racing » face aux Sang et Or un mercredi à 21h00, alors que ce déplacement mobilise traditionnellement de nombreux supporters du Nord ? Est-ce responsable de faire déplacer des centaines de personnes un jour de semaine sur des routes en plein hiver ? Pour la ligue, ce « détail » ne semble pas être un critère.

Vers toujours plus de dérive dans les programmations

Les banderoles et les chants n'ont à ce jour pas suffit pour dénoncer ces inepties. Boycotter par le soutien un match si important sportivement alors que les Bleus ont impérativement besoin d'une victoire face à un concurrent direct n'est surement pas la décision la plus facile à prendre. Mais elle est assumée et s'impose à elle même. Car accepter cette programmation aujourd'hui, c'est ouvrir la porte à des dérives télévisuelles encore plus graves : à quand et pourquoi pas des matchs en semaine, un mardi à 13h00 par exemple ? La dérive de la programmation sur le week-end entier est déjà en ordre de marche. A terme, on peut s'attendre à un lisage des rencontres du vendredi 21h00 au dimanche à 21h00, avec un match par créneau de deux heures (13h00, 15h00, 17h00, 19h00, 21h00, ...) pour offrir toujours plus de diffusion et de football à la TV. Avez-vous déjà pris un jour de congé pour aller voir un concert en pleine journée ? Non.

C'est tout ce système de surconsommation du football au détriment des supporters qui peuplent les tribunes que dénonce aujourd'hui les associations de supporters par cet appel au boycott. Pour eux, le football, c'est le week-end. Cautionner aujourd'hui, c'est le subir encore plus demain. La seule certitude aujourd'hui, c'est que 2023 n'appelle à aucune remise en cause ou prise de conscience des organisateurs, et c'est bien là le plus inquiétant pour les supporters mais aussi la santé des joueurs.