On aurait aimé que ce moment ne s’arrête jamais, qu’il continue au bout de la nuit, que l’euphorie de cette soirée du 19 mai 2011 efface de nos mémoires les cinq dernières années de calvaire …

La grande braderie ?

UB90Depuis deux jours hélas, la triste réalité d’un Racing Club de Strasbourg au bord de l’implosion refait surface. En attendant le résultat de la rencontre entre Rouen et Guingamp vendredi qui sellera le sort du club et décidera de la division dans laquelle il évoluera la saison prochaine, l’actionnaire majoritaire Jafar Hilali n’a perdu de temps pour effacer ces quelques sourires aux supporters dans un climat morose. Si le mercato n’est pas encore officiellement ouvert, on sait dors et déjà que Régis Gurtner ne sera plus strasbourgeois la saison prochaine. En effet, il rejoindra Boulogne pour trois ans où il retrouvera son ancien mentor Stéphane Cassard parti l’été dernier et qui deviendra l’entraîneur des gardiens du club nordiste à la rentrée. Billy Ketkeo a lui aussi décidé de partir vers d’autres horizons en signant en Suisse du coté de Sion. Si l’on pouvait s’attendre à voir bon nombre de joueurs quitter un navire bleu toujours à la dérive, on reste néanmoins perplexe sur la façon dont le Président du club a libéré le portier du Racing de sa dernière année de contrat sans aucune contre-partie alors que le club est toujours sous respirateur artificiel financière parlant …

« C'est dans l'adversité que l'on reconnaît les grands joueurs ! »

En attendant de vivre (encore) des heures difficiles à suivre les idées, toujours nouvelles, de l’homme à l’hélicoptère de l’armée de l’air (à voir en Une du site officiel), il est encore temps de savourer ces moments de communion sans précédent qu’ont vécu les supporters présents vendredi contre Bayonne. Les absents regretteront sûrement d’avoir raté cet instant unique, les présents eux ne sont pas prêts de l’oublier. Car oui, cette rencontre aurait pu se jouer à huit clos (compte-tenu des risques élevés liés sécurité aux dires de l’actionnaire majoritaire) et personne n’aurait ainsi partagé avec tout un groupe le bonheur d’avoir simplement eut pendant une saison des mecs qui mouillent le maillot, qui font honneur à l’histoire du club et surtout qui ont eu l’immense mérite d’exister dans un marasme extra-sportif ambiant.

« On ne voit jamais les autres tels qu'ils sont. On n'en a que des visions partielles, tronquées, à travers les intérêts du moment »

Cet extrait d’Eric-Emmanuel Schmitt reflète ô combien les divergences de point de vue entre les supporters et Jafar Hilali. Car une nouvelle fois, les Bleus avaient su répondre sur le terrain, là ils sont seuls à être maître de leur destin. Face à une rugueuse équipe de Bayonne venue défendre sa place en troisième division nationale, les hommes de Laurent Fournier allaient faire le plus difficile en ouvrant le score juste avant la mi-temps par l’indéboulonnable David Ledy, une nouvelle fois décisif, suite à un corner du meilleur joueur sur la phase retour, Stéphane Noro, 1/0. En deuxième période, le futur gardien de Boulogne Régis Gurtner démontra une nouvelle fois qu’il était belle et bien le dernier rempart des Bleus en réalisant un double arrêt de grande classe. Si Stéphane Noro manquera un pénalty quelques minutes plus tard, il ne se fera pas prier pour mettre au fond des filets un centre en retrait du revenant Ali Mathlouthi, 2/0. La fête n’en pouvait être que plus belle. Car de mémoire de supporter, on n’avait jamais vu le staff et les joueurs monter dans le quart de virage des UB90 après la rencontre. Vous savez, « ces jeunes manipulés, devenus la honte du foot alsacien » dixit Jafar Hilali dans les Dernières Nouvelles d’Alsace voici un mois. Ces jeunes si dangereux que Milovan Sikimic et ses coéquipiers resteront plus de vingt minutes à chanter et à communier avec eux dans la joie et l’allégresse jusqu’à en terminer en petite tenue ! On ose imaginer quel « calvaire » a dû vivre les joueurs face à ces féroces supporters (sic) !

Hilali « en roi de la zizanie » ?

Beau pied de nez à l’actionnaire majoritaire en tout cas, c’est ça qu’on aime dans le sport, dans le football et surtout dans le Racing Club de Strasbourg. Vivre ces instants rares, en profiter, en garder des souvenir impérissables. Mais avec sa volonté avortée de jouer cette rencontre à huit-clos, le Président fantôme du club (il n’a jamais vu une seule rencontre à al Meinau en un an et demi de présence …) a une nouvelle fois mis en avant tout son art de sa fameuse – ou fumeuse – théorie du chaos. Pour les initiés, on vous invite à lire quelques analyses (document à lire ici) sur cette dernière et ses liens avec l’économie, sûrement livre de chevet de l’actionnaire majoritaire, dont il s’inspire à haute dose ces derniers temps. Car l’histoire du Racing est comme celle de Louis de Funès dans le film où l’acteur comique partage l’affiche avec la défunte Annie Girardot. Celle de cet industriel qui va voir du jour au lendemain trop grand dans sa quête continuelle d’expansion. A tel point que tout s’écroula un jour. Reste à savoir sur la tête de qui …

Stade de la Meinau